Des événements tels que les Jeux Olympiques, la Coupe du Monde ou la Ligue des Champions attirent des millions de spectateurs, ainsi que des milliers d’athlètes et de collaborateurs, ce qui implique une importante empreinte carbone. Leur organisation durable est devenue un défi et une priorité. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 veulent transformer ce défi en engagement : devenir les Jeux les plus durables de tous les temps.
Nous avons interviewé Tony Estanguet, Président du comité d’organisation des JO de Paris 2024 et lui avons posé des questions à ce sujet.
1/ Paris 2024 a fait une affirmation audacieuse : devenir les “Jeux les plus durables de tous les temps”. Pouvez-vous nous dire quelle est votre stratégie pour atteindre cet objectif ?
Avec Paris 2024, nous avons placé l’ambition environnementale au cœur de notre projet. Nous voulons repenser la manière d’organiser les Jeux grâce à une approche à 360 degrés sur l’ensemble du cycle de préparation et d’organisation des Jeux.
Cela se traduit d’abord par le choix d’utiliser 95% d’infrastructures existantes ou temporaires. Quand d’autres éditions construisaient jusqu’à 10 nouveaux équipements sportifs, nous n’en construirons qu’un seul, le Centre aquatique, pensé pour les besoins de la Seine Saint-Denis avant tout, où 1 enfant sur 2 ne sait pas nager. Quant au Village olympique, il est conçu comme un éco-quartier durable pour les habitants du territoire. Les athlètes ne seront que les premiers locataires.
Pendant la durée des Jeux, il est de notre responsabilité d’être exemplaire. Les billets des spectateurs seront couplés à un billet de transport en commun afin de favoriser l’utilisation des transports collectifs. Nous utiliserons 100% d’énergies renouvelables pour l’organisation des Jeux, des transports propres pour les déplacements des délégations, ou encore, nous proposerons une alimentation durable pour la famille olympique et paralympique et les spectateurs, pour ne citer que quelques exemples d’actions sur lesquelles nous travaillons dès maintenant.
2/ Pensez-vous que Paris 2024 puisse aller jusqu’à atteindre la neutralité carbone ?
C’est ambitieux et c’est bien notre objectif.
Par leur concept même, les Jeux de Paris 2024 émettront deux fois moins d’émissions de gaz à effet de serre que les dernières éditions des Jeux olympiques et paralympiques d’été.
L’étape d’après est de réduire au maximum notre empreinte en intégrant, à chaque prise de décision, l’évaluation de notre impact carbone. Les innovations et toutes les nouvelles solutions que pourront nous proposer les entreprises seront clés pour nous y aider.
Et pour toutes les émissions que nous ne pourrons pas éviter, comme par exemple le transport des spectateurs, elles seront compensées.
3/ Au-delà de la minimisation de son impact environnemental, comment Paris 2024 – et les grands événements sportifs en général – peut contribuer à promouvoir le développement durable ?
Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont le plus grand événement au monde, rassemblant 206 délégations autour de valeurs partagées : les Jeux ont une dimension universelle unique. C’est aussi l’événement le plus médiatisé au monde avec 4 milliards de téléspectateurs. En ce sens, c’est une vitrine et un tremplin extraordinaire pour partager avec le monde entier notre projet et défendre nos valeurs.
Au-delà même des Jeux, nous croyons au pouvoir unique du sport pour mobiliser et fédérer. Que ce soit pendant les événements ou dans la pratique au quotidien, le sport peut être un formidable vecteur de meilleures habitudes pour soi-même et pour l’environnement. C’est pourquoi d’ici 2024, nous mènerons des actions pédagogiques auprès du grand public et en particulier auprès des spectateurs des Jeux pour promouvoir la mobilité douce, la réduction des déchets, une alimentation durable… Les Jeux doivent être exemplaires, et chacun, à son niveau, a un rôle à jouer.
4/ Les grands événements sportifs font parfois l’objet de critiques. Que dites-vous à ceux qui pensent qu’à l’heure où l’humanité est confrontée à une crise climatique majeure, des événements sportifs comme Paris 2024 sont inappropriés ?
Dès la phase de candidature nous avons associé de nombreux acteurs à la définition de notre stratégie environnementale : le mouvement sportif, des experts, des associations environnementales, notamment le WWF qui nous a accompagné pour construire ce projet. L’objectif est de prolonger cette dynamique pour faire évoluer le modèle.
C’est ça l’enjeu : dépasser les oppositions de principe et construire un nouveau modèle en phase avec les enjeux environnementaux. Face aux enjeux environnementaux, les événements sportifs doivent non seulement prendre leur part de responsabilité en limitant leur impact, ils doivent aussi aller plus loin en mettant l’émotion et les valeurs du sport au service de changements de comportements. Et c’est collectivement que nous allons y arriver.
Cette prise de conscience se concrétise au plus haut niveau dans l’Agenda 2020 du Comité international olympique, dont Paris 2024 sera la première édition à mettre en œuvre le nouveau modèle. Nous sommes également associés à l’initiative Sports for Climate Action de l’UNFCCC pour inciter le monde du sport à réduire ses émissions de gaz à effet de serre liées à l’organisation des compétitions sportive.
Source : Solarimpulse Fondation